Quelles sont les conséquences éventuelles des agressions sexuelles sur un·e mineur·e ?
Quand on entend les mots « violences sexuelles », souvent on pense d’abord à un viol commis par un inconnu dans une rue sombre. Mais en vérité, la violence sexuelle c’est beaucoup plus large que ça.
Elle englobe tous types d’actes avec ou sans contact physique à caractère sexuel. Cela peut être du harcèlement de rue, la diffusion de photos intimes sur internet, des attouchements par quelqu’un de la famille, des rapports sexuels sous la menace dans le couple, etc. Voici la définition complète de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) :
« Violence sexuelle : tout acte sexuel qui est commis à l’encontre d’une personne. Il peut être commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte. Pousser une personne à des actes sexuels contre sa volonté, que cet acte ait été commis intégralement ou non, ainsi qu’une tentative d’associer une personne à des actes sexuels sans que cette dernière ne comprenne la nature ou les conditions de l’acte ou sans qu’une personne agressée puisse refuser de participer ou puisse exprimer son refus parce qu’elle est ivre, droguée, endormie ou atteinte d’incapacité mentale ou juste incapable de dire son refus en raison de l’intimidation ou de la pression subie sur le moment ou avant les faits. »
Parfois quand on est victime, on pense qu’on est tout·e seul·e dans cette situation, que personne au monde ne vit ça, ne ressent ça, mais ce n’est pas vrai ! C’est important de comprendre que la violence sexuelle peut être partout. Malheureusement énormément de personnes en sont victimes ; des enfants, des adolescents, des adultes et même des personnes âgées. Elle peut avoir lieu dans toutes les villes, toutes les écoles, toutes les familles, tous les groupes d’amis, tous les couples. Personne ne devrait rester seul avec cette souffrance, il y a plein d’aides qui existent, de structures adaptées, de personnes de confiance à qui en parler.
LES CONSÉQUENCES DE LA VIOLENCE SEXUELLE SUR TOI
Quand on vit de la violence sexuelle, il peut y avoir tout un tas de conséquences, même quand il n’y a pas eu de contact physique. Chacun réagit d’une façon différente, selon son histoire, son fonctionnement, et c’est donc impossible de juger les conséquences que cette violence peut avoir sur une autre personne.
Les victimes pensent parfois qu’elles sont les seules à avoir ce mal-être-là, ce symptôme-là voire ce comportement destructeur-là. Parfois on a l’impression d’être bizarre, pas normal·e, voire fou/folle.
Alors c’est important de normaliser ces symptômes, de dire qu’ils existent et que c’est une réaction normale du corps et du cerveau après un grand choc comme une violence sexuelle.
Les symptômes peuvent être physiques, psychologiques ou comportementaux et se déclencher juste après ou longtemps après l’agression. Ils peuvent durer quelques minutes, quelques jours et parfois plusieurs mois ou années.
Dans le but de te montrer que ces symptômes sont connus par les soignant·e·s, voici un relevé des différentes conséquences que peuvent avoir les violences sexuelles.
Tout d’abord des PROBLÈMES ÉMOTIONNELS et affectifs. Notre manière de rentrer en contact avec les autres est PERTURBÉE … normal vu ce qui nous est arrivé !
Après une agression sexuelle, on peut ressentir de l’anxiété sous différentes formes (crises de panique, tics, tocs, se sentir irritable, hypersensible). On peut avoir l’impression d’être constamment en danger (on est alors en ‘hypervigilance’), et commencer à éviter les autres ou certaines situations. C’est possible d’avoir des flashbacks, on peut aussi faire des cauchemars ou des terreurs nocturnes.
On peut aussi déprimer, avoir envie de rester chez soi et de ne plus sortir. Ça peut devenir difficile d’éprouver du plaisir dans différentes situations (symptômes dépressifs). Parfois, on peut avoir des idées noires et penser au suicide.
Beaucoup de victimes développent aussi des comportements d’automutilation (se couper, se brûler, se gratter fort, s’arracher les cheveux, etc), comme une façon d’exprimer cette rage qui nous habite. Dans les cas les plus graves, on peut se sentir comme si on n’était plus dans notre corps (se vivre dissocié·e), voire vivre comme si tout était irréel, un cauchemar pur.
Avoir envie de ne pas respecter les règles, de s’opposer, de faire des crises, de mentir (on ne veut pas se dévoiler, on a trop honte), voire de voler ou d’intimider les autres, ce sont aussi des conséquences possibles des violences sexuelles (comportements agressifs).
Du côté de ta SANTÉ PHYSIQUE ou CORPORELLE
Quand on vit certains types de violences sexuelles avec contact, on peut être exposé·e à des maladies sexuellement transmissibles (Sida, Herpès génital ou buccal, Chlamydioses, etc), voire avoir des problèmes gynécologiques (saignements vaginaux, règles douloureuses).
Certain·e·s ont des problèmes gastro-intestinaux et des symptômes cardio-pulmonaires (asthme, hyperventilation, tachycardies) : des symptômes qui montrent notre stress intense, nos angoisses aussi.
Parfois on réagit aussi en prenant ou en perdant beaucoup de poids (obésité, anorexie) et plus rarement on peut développer du diabète.
Tout ceci est à prendre en charge le plus vite possible et on te conseille vraiment d’aller au moins voir un médecin traitant ou le médecin d’un centre de planning familial, qui sont liés au secret médical et peuvent t’aider médicalement pour minimiser les conséquences sur ta santé.
S’il y a un risque que tu puisses tomber enceinte, consulte dans un planning familial, à l’hôpital ou chez le médecin, car tu pourras recevoir la « pilule du lendemain » qui te protège dans ce cas-là.
Côté PROBLÈMES SCOLAIRES
C’est tout à fait normal que quand on subit une agression sexuelle quelle qu’elle soit, on n’est pas toujours là en classe, il arrive souvent qu’on ait des moins bons résultats scolaires : ça montre surtout qu’on a besoin d’aide ! Il ne faudrait plus jamais qu’un·e jeune abandonne ses études ou un sport qu’il/elle aime parce qu’il/elle a subi ce type de violences !
.. Et parfois on développe des COMPORTEMENTS À RISQUE ! (Là, LE MOINS C’EST LE MIEUX !)
Après avoir vécu des violences sexuelles, comme on se sent mal, on veut mettre des autres images au-dessus de ce qui nous revient en mémoire, et on peut être tenté·e de consommer des substances en pensant que ça va aider (alcool, médicaments), PARFOIS on s’automutile ou on se fait du mal, ou encore on néglige son hygiène, on se laisse sombrer.
Certain·e·s chercheront assez vite un·e autre partenaire avec qui tenter d’avoir une belle relation sexuelle. D’autres chercheront même plus de partenaires sexuels que ce qu’ils/elles n’auraient jamais pensé avant ; certain·e·s arrivent même à la limite ou dans la prostitution : tout ça par colère, rage, envie de reprendre sa vie en main. Mais attention ces comportements augmentent le risque de dépendance aux substances ou au sexe, et dans ce dernier cas ça augmente le risque de maladies sexuellement transmissibles et ça met ton corps encore davantage en danger.
Comme on est énervé·e, en colère, on devient parfois agressif et violent dans ses relations aux autres, ce qui peut faire adopter ou choisir des solutions ou actions dangereuses ; ainsi on sait que par ex. les fugues sont deux fois plus courantes chez les jeunes qui ont vécu des violences sexuelles que chez ceux/celles qui n’en ont pas subies.
Et une GROSSESSE ?
En plus du risque de grossesse lié à l’agression sexuelle, on a constaté que les jeunes qui ont été victimes de violence sexuelle sont plus à risque soit de tomber enceinte durant leur adolescence (donc fort tôt) côté filles, soit de mettre une fille enceinte à l’adolescence côté garçons.
A long terme, tout le mal que l’on t’a fait et toutes les conséquences que cela peut avoir sur toi peuvent te conduire à être fort perturbé·e, bousculé·e, à ne plus te retrouver comme étant celle/celui que tu étais.
Il est clair qu’aucun enfant ou jeune ne devrait vivre avec les conséquences de la violence sexuelle. Si on ne sait pas revenir en arrière pour que rien ne soit arrivé, alors au moins il ne faut pas laisser ce trauma et ses conséquences impacter toute ta vie ! Mais n’oublie jamais que ta vie est ta vie, et que tu peux la reprendre en main avec l’aide adéquate !
⇒ Surtout : Ne te tais pas, cherche de l’aide, ne reste pas seul·e !
Nous sommes là pour t’aider à dire les choses et à les comprendre, pour te soutenir, t’aider dans tes démarches, trouver comment et par qui te faire véritablement « soigner » pour que tu te sentes mieux, et ça uniquement parce que tu mérites d’aller mieux, de survivre et de bien vivre ta vie. Même si ça prendra du temps, c’est vrai, tu peux retrouver ta joie de vivre, ton estime de toi et tes espoirs. On est là pour t’aider à retrouver tout ça.
Et n’oublie pas : Viens nous parler sur le tchat. C’est anonyme si tu veux, c’est sécurisé et gratuit, et surtout c’est une aide professionnelle. C’est fait pour toi et tous les jeunes dans le même cas que toi… Parce que tu n’es pas le/la seul·e, mais surtout parce qu’on est convaincues que tu le mérites, et eux aussi !